Vers la fin du XVIIe siècle, à l’époque où les protestants français étaient le plus cruellement persécutés, d’étranges phénomènes se manifestèrent parmi eux. On vit des vieillards, des hommes et des femmes de tout âge, des jeunes gens et des jeunes filles, même des enfants à la mamelle, saisis tout à coup par un puissant esprit de prophétie, parler avec une éloquence remarquable et révéler les pensées de Dieu.
Des paysans qui ne savaient pas lire et qui n’avaient jamais parlé que le patois, annonçaient dans un français correct les choses magnifiques de Dieu et dévoilaient les pensées secrètes des coeurs.
Chose remarquable, les adversaires les plus ardents des prophètes cévenols n’ont pas songé à nier les faits extraordinaires dont ils ont été les témoins, mais ils les attribuent à Satan. Dans son livre sur l’Inspiration des camisards, Hippolyte Blanc reconnaît que des phénomènes prodigieux se sont manifestés chez les protestants des Cévennes. « Ces phénomènes sont certains, dit-il, la médecine est impuissante à. les expliquer ; ils sont dus, par conséquent, à une cause surnaturelle ; mais à coup sûr le Saint-Esprit n’en est pas l’auteur. »
En effet, répondons-nous, avec Ami Bost : « les faits surnaturels de cette histoire sont si bien constatés, que si l’on ne veut pas y voir le doigt de Dieu, il faudra y reconnaître l’agence de Satan. »
En attribuant au pouvoir du prince des ténèbres les faits extraordinaires qui se passaient sous leurs yeux, les catholiques ont agi comme les juifs qui accusaient notre Sauveur de chasser les démons par la puissance du prince des démons. La foi des cévenols, leur fidélité inébranlable à l’Évangile dans les cachots, sur les galères, sur les bûchers, leurs prédictions mêmes sont une réfutation victorieuse des accusations de leurs calomniateurs et de leurs bourreaux.
Extrait
« Peu après la paix de Ryswick (1697), je vins passer quelque temps à Loriol, lieu de ma naissance, en Dauphiné. Quelques amis me convièrent à me trouver dans une assemblée qui devait se faire proche de là, le dimanche matin suivant. Quand j’entrai dans l’assemblée, il y avait une jeune fille qui parlait en prédicateur, avec une liberté et une éloquence qui me parurent admirables. Cette jeune fille ne savait un peu lire que depuis qu’elle avait été honorée des inspirations de l’Esprit divin. Après qu’elle eut achevé de parler, arrivèrent diverses personnes qui avaient eu un grand désir de l’entendre. Il y a de l’apparence qu’elle en jugea ainsi, car elle dit qu’elle n’était pas capable de parler d’elle-même. Mais à l’instant, elle se jeta à genoux, et pria Dieu ardemment que si c’était son bon plaisir, il déliât sa langue, afin qu’elle pût encore annoncer sa Parole et consoler son peuple. Presque aussitôt elle fut exaucée ; l’Esprit la saisit et elle fit une grande prière. Je croyais entendre parler quelque ange, tant étaient belles les paroles qui sortaient de sa bouche. Après la prière, elle fit chanter un psaume, et elle l’entonna mélodieusement. Ensuite, elle fit un discours si excellent, si pathétique et si bien suivi, avec une hardiesse si sainte et un si grand zèle, qu’on était bien forcé de croire qu’il y avait quelque chose en elle qui n’était pas humain. Une pauvre jeune fille de cette sorte n’était assurément capable en aucune manière de parler ainsi. »
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Merci à J.M. Ravé (Librairie chrétienne Regard) pour la numérisation
Aller plus loin
- Le théâtre sacré des Cévennes (Témoignages de Camisards, voxdei)
- Les Camisards (Musée Protestant)
- Film de René Allio Les Camisards (1970, ok.ru)
- Camisards, les guérilleros de la foi (documentaire, Youtube)
Merci de rendre ces ouvrages si précieux disponibles pour tous avec les technologies d’aujourd’hui… C’est notre histoire, nos racines chrétiennes dans notre pays de France, la mémoire doit perdurer…