L’excès de paroles est profondément destructeur pour la vraie spiritualité. La vie même de notre esprit se dissipe dans nos mots. Ainsi, tout bavardage superflu épuise les forces vitales du cœur. Dans le monde agricole, on observe souvent que trop de fleurs sur un arbre empêchent la formation d’un bon fruit, voire de tout fruit ; de la même manière, une âme qui s’épanche en paroles inutiles se perd dans une floraison verbale stérile, sans porter le moindre fruit.
Je ne parle pas ici des pécheurs, ni du témoignage sincère rendu à Jésus-Christ. Je parle de cette logorrhée incessante que l’on retrouve chez certains croyants soi-disant spirituels — ces personnes qui professent la grâce qui transforme mais ne savent pas garder le silence. Ce flot continuel de paroles est l’un des plus grands obstacles à une communion profonde et solide avec Dieu.
Observez comment certains répètent sans cesse les mêmes histoires… comment des détails insignifiants sont amplifiés à force de paroles… comment des choses qui devraient être tues sont transformées en sujets de commérage… comment l’on débat, encore et encore, sur des points sans importance… comment les choses saintes et profondes de l’Esprit sont traitées à la légère, comme des banalités. À force d’entendre cela, celui qui a reçu en lui le baptême silencieux de la Présence divine ressent parfois le besoin urgent de s’éloigner, de se retirer dans une chambre ou un bois solitaire, pour rassembler les morceaux épars de son âme… et se reposer en Dieu.
Nous n’avons pas seulement besoin d’être purifiés de nos péchés : notre nature humaine a besoin d’être radicalement délivrée de son bruit, de son agitation, et de son besoin irrépressible de parler.
Effets néfastes de trop de paroles
Premièrement, cela dissipe la puissance spirituelle. Les pensées et les sentiments de l’âme sont comme de la vapeur ou de la poudre explosive : plus ils sont concentrés, plus ils ont de force. La vapeur, si elle est bien canalisée, peut faire avancer une locomotive à toute vitesse. Mais si elle est laissée à se disperser, elle ne fait pas bouger le train d’un centimètre. Ainsi, ce que le cœur a de plus profond, s’il est exprimé avec quelques paroles choisies par le Saint-Esprit, pénètre les cœurs durablement. Mais s’il est dilué dans une conversation confuse, il devient sans effet.
Deuxièmement, c’est une perte de temps. Si toutes les heures que nous passons en bavardages inutiles étaient consacrées à la prière secrète ou à une lecture spirituelle sérieuse, nous progresserions rapidement vers une vie intérieure et une paix divine bien au-delà de tout ce que nous imaginons.
Troisièmement, le bavardage nous entraîne inévitablement à dire des choses inutiles, maladroites ou même blessantes. Dans les conversations spirituelles, nous finissons vite par épuiser ce que notre âme a de meilleur — et le reste n’est qu’un lait écrémé fade, jusqu’à ce que nous revenions seuls dans la présence de Dieu, pour paître à nouveau dans ses verts pâturages et y retrouver la crème du cœur.
L’Esprit Saint nous avertit clairement :
« Là où les paroles sont nombreuses, le péché n’est pas loin. » (Proverbes 10:19)
Même les meilleurs des saints ne peuvent parler trop longtemps sans, à un moment ou à un autre, dire quelque chose d’injuste, de sévère, de superficiel ou de faux. Cela, chacun doit le reconnaître pour lui-même. Peu importe si d’autres parlent beaucoup et fort : je dois choisir de vivre dans le silence intérieur et l’humilité du cœur. Je dois garder ma bouche comme un soldat veille une forteresse. Par respect pour les autres, oui, mais bien souvent aussi, je devrai quitter une conversation ou me retirer d’un groupe pour entrer dans une communion profonde avec mon Seigneur bien-aimé.
Le remède au bavardage ne vient pas de l’extérieur : il vient d’un feu intérieur. Parfois, c’est une fournaise de souffrance qui vient consumer l’agitation mentale. D’autres fois, c’est une révélation écrasante de la majesté de Dieu et de l’éternité — et ce dévoilement place un silence sacré et durable sur toutes nos facultés naturelles.
Marcher par l’Esprit, c’est refuser de parler pour parler, et choisir de ne s’exprimer que lorsque Dieu le veut, et dans l’harmonie du Saint-Esprit qui habite en nous.
« Celui qui a la connaissance retient ses paroles,
et l’homme intelligent garde un esprit calme. »
— Proverbes 17:27
« C’est dans le calme et la confiance que sera votre force. »
— Ésaïe 30:15
« Ne te presse pas d’ouvrir la bouche,
et que ton cœur ne se hâte pas d’exprimer quoi que ce soit devant Dieu ;
car Dieu est au ciel, et toi sur la terre :
que tes paroles soient donc peu nombreuses.
Car, comme les rêves viennent de l’abondance des occupations,
la voix du sot se reconnaît à l’abondance des paroles. »
— Ecclésiaste 5:2-3

G.D. Watson (1845–1924) était un prédicateur méthodiste et écrivain évangélique américain, connu pour ses écrits profonds sur la sainteté, la vie intérieure et l’union avec le Saint-Esprit. Son ministère a inspiré des milliers de croyants à rechercher une communion plus intime avec Dieu.
Lire également de GD Watson sur voxdei
>>> Si d’autres peuvent, toi, tu ne peux pas.

