Au XIXᵉ siècle, l’arrivée des missionnaires chrétiens à Hawaï permit la fondation de nombreuses églises, rapidement dirigées par des pasteurs locaux célébrant en langue hawaïenne. Ces églises, au cœur du réveil spirituel des années 1840, mêlèrent foi chrétienne et traditions locales tout en affrontant des défis comme les maladies étrangères et le déclin démographique. Elles devinrent des lieux de culte et d’éducation, témoins de l’interaction entre spiritualité et culture hawaïenne. Voici le récit incroyable de la vie et de la conversion du tout premier prédicateur indigène, Bartimée Pua’aiki.
Une résilience hors du commun
En 1785, un petit garçon naquit sur l’île de Maui, à Hawaï. Affligé de malformations faciales, de cécité et de petite taille, il suscita l’effroi de sa mère, qui tenta de l’enterrer vivant peu après sa naissance. Cependant, un parent intervint et jeta son corps dans une tombe, pensant mettre fin à ses souffrances. Le lendemain, l’enfant fut découvert par un couple âgé du village qui décida de le recueillir. Ils l’appelèrent « Pua’aiki », mot qui signifie « petit cochon » en hawaïen. Contre toute attente, Pua’aiki survécut et atteignit l’âge adulte. Ne pouvant travailler à la ferme en raison de sa cécité, il apprit l’art du hula et devint danseur à la cour royale, trouvant ainsi une place dans la société malgré ses handicaps.
La rencontre avec la foi chrétienne
En 1820, alors que Pua’aiki avait 34 ans, des missionnaires chrétiens arrivèrent dans son village. Constatant qu’il avait été moqué toute sa vie et surnommé « le petit cochon », ils décidèrent de le rebaptiser Bartimée, en hommage à l’aveugle guéri par Jésus dans l’Évangile de Marc. Lorsqu’ils lui parlèrent de l’Évangile, Bartimée fut profondément ému par la compassion du Christ envers les marginaux et les souffrants. Il accepta avec ferveur le Christ comme son Seigneur et Sauveur.
Très vite, Bartimée révéla un don exceptionnel : il parvint à mémoriser les Écritures simplement en les écoutant. Un jour, après avoir entendu les missionnaires lui lire le livre d’Ézéchiel, il récita de mémoire les 33 chapitres en anglais, stupéfiant son entourage. Bien qu’il fût aveugle, Puaʻaiki avait une mémoire exceptionnelle, ce qui lui permettait de mémoriser des passages entiers de la Bible et de les réciter avec précision lors de ses sermons.
Le premier prédicateur hawaïen
Au fil du temps, il mémorisa l’intégralité de la Bible et se mit à prêcher avec audace dans les îles Maui. Il impressionnait souvent son auditoire par sa capacité à expliquer les Écritures avec une grande profondeur, prouvant que son handicap physique n’était pas une barrière à son rôle spirituel. Ses sermons, empreints de foi et de courage, touchèrent profondément les cœurs, amenant de nombreuses personnes à se convertir au christianisme. Bartimée devint ainsi le premier prédicateur natif hawaïen de l’histoire. Puaʻaiki était connu pour sa capacité à établir un lien fort avec les communautés locales.
Lorsqu’il prêchait, il adaptait ses messages aux besoins spécifiques de son auditoire, abordant des sujets comme le pardon et la réconciliation, qui étaient essentiels dans une société en pleine transition entre les anciennes traditions et le christianisme. Sa sincérité et son dévouement ont fait de lui une figure respectée et aimée, non seulement parmi les convertis, mais aussi parmi ceux qui hésitaient à embrasser la foi chrétienne. En 1844, à l’âge de 58 ans, il s’éteignit, rejoignant Celui qu’il avait servi avec une dévotion sans faille.
Pour aller plus loin :
- Bartimeus of the Sandwich Islands (Librairie du Congrès)
- Bartimeus Pua’aiki (Wikipedia)
