Il y a bien longtemps, les prophètes étaient appelés voyants (1 Samuel 9:9). La dimension prophétique n’est par aucun moyen gouvernée par les lois de l’évolution et du changement, par les lois de la coïncidence et du temporaire. La fonction prophétique inclut l’activité d’un voyant. Le changement de titre n’indique d’aucune façon un quelconque changement de fonction ou d’objectifs. Bien plutôt, le fait de lier les deux titres ensemble construit un pont entre différents aspects de la fonction et en élargit la définition. Il constitue sa continuité et sa durée.
Un prophète est un voyant, ce qui implique que la nature élémentaire de son mandat est caractérisée par l’observation et la vigilance. Il n’y a aucun élément, aucune connotation à caractère spirite dans le concept hébreu. Cela implique l’absence de tout élément de prédiction pratiquée à la manière des diseurs de bonne aventure. Cela n’autorise aucun ajout de connotations shamanistes. Les méthodes et techniques shamanistes appartiennent à un autre royaume entièrement différent. Les états de transe et les états de conscience altérée appartiennent au monde de la magie et sont un signe de la chair en charge et en fonctionnement.
Les pratiques du devin sont, et doivent être abandonnées et rejetées par un véritable voyant. Les prédictions faites dans le but d’établir une réputation, dans le but de paraître capable de savoir et avoir été divinement mandaté, n’est aucunement une preuve valide du prophétique. Des prédictions ne corroborent pas des prétentions à représenter le Ciel.
Le voyant représente la dimension prophétique au moyen de sa capacité à observer, par son inclination à la vigilance. C’est une sentinelle, c’est le protecteur. Il chemine sur les sentiers étroits des zones frontalières du Royaume, puisant les forces nécessaires à cette œuvre isolée de défense, des vives visions et expériences du fin fond des domaines de Dieu. La demeure du prophète est un Mizpah, une tour de garde, un endroit de jugement valide et de discernement (1 Samuel 7:6).
La vigilance elle-même devient un signe prophétique et une force prophétique. Elle le devient dans une mesure sans cesse grandissante alors que nous nous approchons de plus en plus des étapes finales de notre âge. « La fin de toutes choses est proche. Soyez donc sages et sobres pour vaquer à la prière » (1 Pierre 4:7). La prière sobre est en effet l’intercession prophétique. Le jugement éclairé est en effet un signe de la dimension prophétique. Un sobre discernement est la pointe tranchante de l’Eglise des derniers temps.
Cette séquence du temps marquée par l’absence d’absolus est confrontée à un défi posé par l’Absolu. Cette terrible époque d’aliénation totale sera, dans et à travers le prophète, contrée par une révélation du Père. Dieu, le Père est le protecteur absolu. L’époque du subjectivisme moral et émotionnel sera contrecarrée par l’intercession sobre. Ceci est réellement une perspective stimulante.
L’attitude élémentaire et l’approche fondamentale d’un voyant sont exprimées dans son désir de veiller et d’écouter, d’attendre et d’observer. Il est rendu capable de faire face au silence. Il est rendu capable de garder silence. Il est rendu capable d’écouter et d’obéir. La dimension prophétique amène l’obéissance (Romains 16:26). Le voyant est un homme de la Pierre Angulaire, d’alignement mental et moral adéquat. Il est rendu prêt à exiger l’obéissance et la correction. Il attend le moment choisi.
Par nécessité, la présence et la qualité d’un peuple prophétiquement disposé se développera à notre époque, l’époque de l’apostasie. La condition morale générale aux jours que nous vivons force les vrais chrétiens à réagir avec larmes et dans l’intercession. Les capacités morales, l’œuvre sanctifiante du Saint-Esprit sont la dynamique de la dimension prophétique. La condition particulière de l’Eglise définie par le mot horrible « Apostasie » ne peut que générer une douleur extraordinaire parmi les sentinelles, les amenant au cœur du Père. Par nécessité, le faux et le vrai croîtront côte à côte. Seul le voyant évitera de mélanger les deux. Seuls ceux qui veillent réussiront et vivront. Seuls les sensibles et les sobres sont capables d’agir dans la dimension prophétique.
Le voyant a appris à vivre le Livre, le voyant à appris à prier le Ciel. C’est un homme de correspondance et d’accord. Les choses vues doivent venir à l’existence par la prière. « Sur terre comme au ciel ». Les choses définies dans le Ciel comme des règles et des normes doivent être appliquées sur terre. Le voyant est un homme de définitions. Comme Ezéchiel, tout voyant est contraint à la vigilance et à l’analyse par les paroles pressantes du Père: « Vois-tu ? Peux-tu identifier ? Regarde ce qu’ils font » (Ezéchiel 8:6-15).
Le voyant amasse de l’expérience, non pas comme l’un quelconque de ceux-là qui ont des démangeaisons aux oreilles, non pas comme ceux-là qui ne se soucient jamais de tirer des conclusions et qui n’apprennent jamais. Les prophètes sont des hommes âgés, des hommes expérimentés, des hommes qui ont pris le temps et saisi l’opportunité de dévoiler et de démasquer les mouvements et les modes scintillants et sensuels du monde en dehors et à l’intérieur de l’Eglise. Le voyant a appris à rester dans le silence jusqu’à ce que l’œuvre adéquate de définition et d’étiquetage soit achevée. Les prophètes attendent jusqu’à ce qu’ils reçoivent une parole du Seigneur, et ils continuent d’attendre le moment propice. Les prophètes sont des hommes qui ont vu le Ciel, ont appris à prier le Ciel, ont commencé à vivre le Ciel. De tels hommes seront capables de parler au nom du Ciel.
Le ministère, la fonction d’un prophète nécessite d’apprendre, cela demande un dur labeur d’amasser de l’expérience, mais cela ne requiert pas nécessairement le don de prophétie. Le voyant est caractérisé par des capacités intellectuelles et la maturité. Des dons spirituels ne garantissent ni la vérité, ni ne constituent la maturité. L’Eglise de Corinthe qui abondait en dons spirituels était amenée à accepter des individus qui s’autorisaient l’étrange et douteux luxe de maudire Jésus-Christ, comme possédant des charismes à mesure égale (1 Corinthiens 12:3).
La fonction prophétique est donnée à l’Eglise en vue de sa maturité spirituelle aussi bien que de son intégrité intellectuelle et morale (2 Corinthiens 14:28). Séparer les deux éléments – le spirituel et l’intellectuel/le moral – est en soi un signe certain de l’opération des forces d’apostasie. L’opération des dons de l’Esprit et le caractère chrétien produit par le Saint-Esprit ne sont que les deux facettes d’une même pièce. La grâce glorieuse que Dieu a manifestée à travers l’opération des dons conduit à la pleine et totale soumission à la loi du bon grain et de l’ivraie (Jean 12:24).
Les sentinelles sont des hommes capables de donner des réponses quand le Ciel répond. « Sentinelle, que dis-tu de la nuit? » (Esaïe 21:11). Quelle époque vivons-nous, quelle sorte d’époque vivons-nous? Les sentinelles servent leur époque et leur Eglise en comprenant et définissant la mentalité du phénomène contemporain. Le prophète est un homme de fondements, capable d’analyser les résultats d’une tendance commune dans la société en regardant à ses racines. Il est doué dans l’art de la déduction, de l’interprétation et du discernement. Il devient lui-même une force contre la mentalité de l’époque et il offre la compréhension de la façon dont l’influence de son atmosphère peut être évitée. Cette force imminente de séparation et de pureté est la dimension prophétique.
Les voyants sont des hommes de révélation. Les voyants sont des hommes d’éclairage. Les voyants sont des hommes de maturité intellectuelle. Le Père parle aux cœurs afin d’accroître la connaissance, le Père Se révèle à l’homme intérieur dans le but de mobiliser le discernement et des prises de décisions correctes. Le voyant voit comme le Père voit et corrige et instruit en conséquence.
La dimension prophétique est marquée par la soumission et l’obéissance. Le climat prophétique produit l’obéissance. Là où il n’y a pas de vision, le peuple est sans frein (Proverbes 29:18). Là où il n’y a pas de voyant, il n’y a pas de discipline. Là où les gens sont sans loi, là où les gens saluent le subjectivisme et le sensationnalisme, la malédiction de Jésus-Christ est près de rentrer. Là où le Saint-Esprit, l’Esprit de la prophétie n’est pas accueilli, il se trouvera difficilement le moindre respect pour la Parole de Dieu, pour l’ordre et le protocole céleste.
Le voyant est rendu capable de lire le climat spirituel. Il est rendu capable d’identifier la force de motivation qui prévaut. Son rôle est de voir à travers les masques et les voiles de prétention, d’exposer la folie de l’homme et le mal, afin de voir les pauvres et les nécessiteux à travers. La sentinelle est postée sur les cœurs des hommes pour discerner les motivations, et pour prier pour eux, et pour produire la correction. Le voyant est posté sur les cœurs des hommes pour les appeler à une vie céleste.
Le prophète est un voyant. La nature élémentaire de son mandat est l’observation et la vigilance. Il est enclin à la contemplation et doué dans l’art de la déduction. Il n’est certainement pas d’une nature passive. A mesure que le temps s’approche de son dénouement par l’accroissement de ses efforts malicieux, ses paroles, ses définitions et ses déclarations prophétiques se développent en exactitude et en véracité. A mesure que la société s’approche de sa malédiction de Christ finale, le prophète se détourne encore plus nettement de la fantaisie et du sensationnalisme. Il concentrera toute son énergie et toute sa capacité à ramener le peuple au Seigneur, au Livre, à la sainteté, et à la prière.
Texte de Lars Widerberg traduit par ERM.
