« Celui qui croit ne se hâtera pas. »
(Esaïe 28:16)
Dieu n’est jamais lent selon Son propre regard, mais Il peut sembler l’être du nôtre. Car l’impatience et la précipitation sont des faiblesses universelles de l’humanité. Cela vient peut-être de notre nature déchue, mais aussi d’une infirmité propre à la créature : vouloir aller plus vite que la lumière. Quand nous commençons à marcher avec Dieu, il y a tant de choses à désapprendre… et certaines leçons profondes n’arrivent qu’après bien des détours. Parmi elles : celle d’apprendre à avancer lentement avec Dieu.
Ce n’est ni de l’indifférence, ni de la paresse spirituelle. C’est l’exact opposé d’un esprit lent et négligent. C’est un cœur éveillé, ardent, désireux de rester dans le rythme exact de la volonté divine.
Dieu vit dans l’éternité. Chaque détail de Ses actions porte en lui la majesté de Son mouvement mesuré, la précision et la promptitude de Sa sagesse infinie. Quand nous traitons avec Dieu, nous ne sommes pas en dialogue avec une créature impatiente ou limitée. Apprendre à Le connaître véritablement, c’est aussi apprendre comment se comporter avec Lui. Chez Celui qui voit tout depuis l’éternité, il n’y a aucune précipitation. Certes, Dieu peut agir instantanément — mais cette soudaineté est le fruit d’une sagesse mature, infinie, et non d’un empressement aveugle.
Courir lentement avec Dieu
La Bible nous dit de courir la course devant nous, de marcher dans les commandements de Dieu. Mais cette course se fait dans une paix recueillie, avec toutes nos facultés pleinement disponibles. Avec Dieu, courir, c’est marcher lentement. C’est Lui qui donne l’élan, c’est à nous d’apprendre la lenteur.
L’Esprit nous enseigne à être prompt à écouter, mais lent à parler, lent à la colère. Autrement dit : rapides à recevoir de Dieu, mais lents à laisser sortir nos jugements humains. On ne peut pas marcher avec Dieu tant qu’on n’a pas appris à ralentir, à prendre le temps de prier, de réfléchir avant de parler, d’observer la cadence de Sa main, et d’ajuster notre pas.
Rebekah et Jacob se sont précipités pour obtenir la bénédiction pourtant promise, et cela leur a coûté vingt ans de séparation et de douleur. Pierre, lui, a traîné lors du procès de Jésus, mais sa lenteur venait justement de son empressement précédent — celui d’avoir promis trop vite, trop haut. S’il avait pris le temps de réfléchir à ses paroles, il aurait été plus prompt, et plus fidèle jusqu’à la croix.
Les méfaits de la précipitation
Le simple fait de se rappeler qui est Dieu devrait nous pousser à une attitude lente, recueillie, pleine de crainte respectueuse dans tous nos rapports avec Lui.
Nous manquons beaucoup de choses venant de Dieu parce que nous allons trop vite. Il doit y avoir en Lui une joie secrète à se révéler à ceux qui L’aiment… mais Dieu ne peut jamais agir autrement que selon Ses propres perfections. Si nous refusons d’entrer dans Sa cadence, Il ne modifiera pas Ses voies pour s’adapter à nos caprices. Et même s’Il exauçait nos prières sans égard au bon moment, cela ne nous ferait aucun bien. Une bénédiction prise à contretemps peut devenir un poison — comme de la viande crue ou un fruit vert.
Des aperçus de Sa gloire, des vérités profondes, des opportunités discrètes, des impulsions douces de l’Esprit, des réponses silencieuses à nos problèmes… tout cela nous échappe si nous quittons trop vite l’écoute de Dieu, si nous passons devant Sa vision, si nous nous agitons, ou si nous essayons de faire à Sa place. On ne saura jamais combien nous avons perdu — spirituellement, mentalement, physiquement — en ne marchant pas lentement avec Lui.
Le rythme du ciel
Dans l’univers, toute chose a un temps pour mûrir : pensées, paroles, prières, actions, circonstances, bénédictions, expériences, révélations… Tout, dans la nature comme dans la grâce, a un moment précis. Et aller lentement avec Dieu, c’est adopter ce rythme céleste qui permet de récolter les choses quand elles sont mûres. Qu’y a-t-il de plus grand que de voir Dieu, ou d’entendre Sa voix ? Et pourtant, nous manquons l’un et l’autre par manque de lenteur.
Aller lentement avec Dieu, c’est notre plus grande sécurité. La vie est entourée de « fils électriques sous tension » invisibles : une seule précipitation, et nous risquons l’accident. Dans une usine pleine de rouages, de courroies, de lames tranchantes, il faut avancer avec prudence. Notre monde intérieur ressemble souvent à cet environnement. Marcher doucement avec Dieu est la seule façon d’échapper aux pièges de la chair et aux ruses de l’ennemi.

La sagesse d’un cœur paisible
Jamais le monde n’a connu autant de confusions religieuses. Et chacune d’elles vient d’un esprit pressé, qui prend des décisions sans attendre Dieu. On bâtit des doctrines sur un seul verset mal compris, et on ignore dix autres plus clairs. On court après des gourous spirituels comme on courait vers les filons d’or du Klondike. On avale toutes sortes de nouveautés religieuses, de fables mystiques, de théories enfiévrées — faute d’humilité, faute d’avoir appris à suivre Dieu dans Ses pas lents et paisibles.
Ce n’est pas seulement aller lentement qui nous garde… c’est aimer aller lentement. Préférer le fleuve tranquille et profond de la vie divine à l’excitation tapageuse de la folie humaine. L’âme impatiente finira par mordre son mors, casser les rênes, ou se précipiter dans un ravin.
Le centre même de l’âme doit être paisible, assez paisible pour désirer le temps de Dieu. As-tu jamais eu à te repentir d’avoir attendu le Seigneur ? Mais combien de fois as-tu dû te repentir de ne pas avoir attendu ?
Une adoration tranquille
Aller lentement avec Dieu, c’est aussi entrer dans une vie d’adoration continue. Les saints ont transformé leur quotidien en culte en mêlant Dieu à tout, en rattachant chaque événement à Son trône, en Le consultant dans toutes choses, le cœur levé vers Lui.
Certains prient trop vite pour être exaucés — comme un enfant nerveux qui débite ses demandes sans laisser le temps au père de comprendre. Il faut se calmer, parler assez lentement pour être entendu. Un des effets de la chute, dit la Genèse, c’est la « sueur » — ce symbole d’un effort précipité et désordonné. Or Dieu dit à Ézéchiel que Ses prêtres ne devaient pas porter de vêtements de laine, afin de ne pas transpirer, car Dieu, dans Sa paix éternelle, veut être adoré avec un esprit recueilli, paisible, loin de toute agitation humaine.
Moins, c’est plus
Rien ne peut être accompli avec exactitude sans recueillement. Et il n’existe rien de plus précis, de plus noble, de plus fécond… que de marcher avec Dieu. Et pourtant, rien n’est plus simple, plus paisible, plus doux.
Aller lentement avec Dieu, c’est accomplir plus — car ce qui est bien fait n’a pas besoin d’être défait. Cela porte du fruit jusque dans l’éternité, bien après que les œuvres faites dans la précipitation se soient évanouies pour toujours….

G.D. Watson (1845–1924) était un prédicateur méthodiste et écrivain évangélique américain, connu pour ses écrits profonds sur la sainteté, la vie intérieure et l’union avec le Saint-Esprit. Son ministère a inspiré des milliers de croyants à rechercher une communion plus intime avec Dieu.