Le Journal de George Fox est unanimement salué pour sa profondeur spirituelle et son témoignage vibrant de la foi chrétienne au XVIIᵉ siècle. De nombreux lecteurs et chercheurs recommandent sa lecture pour comprendre l’émergence du mouvement quaker et l’engagement inébranlable de Fox dans sa quête de vérité divine. Cette œuvre offre une perspective intime sur les défis spirituels et les triomphes personnels de Fox, faisant écho aux expériences des premiers apôtres.
À l’instar des Actes des Apôtres, le Journal de George Fox relate les voyages, les prédications et les persécutions d’un homme guidé par une mission divine. Les récits de Fox, empreints de miracles et de révélations, illustrent la puissance de la foi en action dans l’Angleterre du XVIIᵉ siècle. Cette œuvre est souvent comparée aux Actes des Apôtres pour sa narration vivante des débuts d’un mouvement spirituel, offrant aux lecteurs modernes une fenêtre sur une époque de renouveau religieux et de réforme.
Extrait 1 : L’œuvre de Georges Fox est prophétisée
Alors des gens arrivèrent de près et de loin pour me voir, et je fus appelé a leur parler et à leur révéler des choses. Il y avait un nommé Brown qui prophétisa et qui eut des visions à mon sujet sur son lit de mort. Il parla ouvertement de ce que le Seigneur accomplirait par mon moyen. Quand cet homme fut enterré, une grande œuvre du Seigneur se fit en moi, excitant un profond étonnement chez beaucoup de gens qui crurent que j’étais mort ; et beaucoup vinrent me voir pendant environ quinze jours. J’étais beaucoup changé d’aspect, comme si mon corps avait subi une véritable refonte.
Cependant, le travail du Seigneur continuait à se faire en plusieurs ; mes soucis et mes chagrins commencèrent à se dissiper, et je versais des larmes de joie, jour et nuit, dans mon humilité et ma contrition de cœur. Je voyais ce qui est éternel, la grandeur de l’amour infini de Dieu, des choses qui ne peuvent s’exprimer, qu’aucun mot ne peut décrire.
Je voyais blanchir la moisson, et la semence qui poussait drue dans le sol, plus serrée que dans aucun champ ensemencé de main d’homme, et personne pour la récolter ; mes larmes coulaient à cette idée. Le bruit commença à se répandre que j’étais un jeune homme au jugement sûr, aussi beaucoup de gens de toutes sortes, prêtres, fidèles, etc., venaient-ils à moi de près et de loin. La puissance du Seigneur se manifestait ; et j’avais de grandes révélations concernant l’avenir. Je leur parlais des choses de Dieu ; ils m’écoutaient en silence avec attention, et s’en allaient, parlant de ce qu’ils avaient entendu.
Extrait 2 : Vision
C’est alors que je fus introduit, par l’épée flamboyante, dans le paradis de Dieu. Toutes choses étaient devenues nouvelles ; toute la création avait pris pour moi un parfum nouveau au delà de ce que je puis exprimer.
Je ne connaissais que la pureté, l’innocence, la justice, ayant été renouvelé à l’image de Dieu en Jésus-Christ, rendu semblable à Adam, tel qu’il était avant la chute. La création m’était ouverte : je vis comment toutes choses avaient reçu un nom correspondant à leur nature et à leurs vertus. Je me demandai un moment si j’étudierais la médecine pour le bien de l’humanité, voyant comment la nature et les vertus des choses créées m’étaient révélées par le Seigneur. Mais je fus immédiatement amené à voir en esprit un état plus ferme que celui d’Adam dans son innocence première, l’état de Jésus-Christ qui ne devait pas connaître la chute. Et le Seigneur me montra que ceux qui lui seraient fidèles par la puissance et la lumière du Christ reviendraient à cet état où se trouvait Adam avant la chute ; état dans lequel les œuvres admirables de la création, et leurs vertus intrinsèques leur seraient révélées par la parole divine.
Le Seigneur me montra de grandes choses, et des profondeurs merveilleuses me furent révélées, au delà de ce qui se peut exprimer ; mais, dans la mesure où l’on se soumet à l’esprit de Dieu, où l’on est transformé à l’image du Tout-Puissant, on est en état de recevoir la parole de sagesse, qui révèle toutes choses, et l’on arrive à connaître l’unité cachée dans l’Être éternel.
Extrait 3 : Voyage en Irlande
En 1669, je fus poussé par le Seigneur à me rendre en Irlande, pour visiter les enfants de Dieu qui se trouvaient dans ce pays. Nous attendîmes près de Liverpool un bateau et un vent favorables. Le capitaine et plusieurs des passagers se montrèrent pleins de bonté. Comme nous étions en mer le Premier jour de la semaine, je fus poussé à leur annoncer la Vérité ; sur quoi le capitaine dit aux passagers : « Ecoutez, vous ; n’avez jamais rien entendu de pareil. » En débarquant à Dublin, il me sembla que la terre et l’air étaient imprégnés de la corruption de ce pays ; l’odeur était différente de celle de l’Angleterre ; ce que j’attribuai aux massacres commis par les Papistes et au sang répandu. Nous passâmes quatre fois parmi les officiers de la douane qui cependant ne nous fouillèrent pas. Nous allâmes dans une auberge et envoyèrent chercher quelques Amis, ils nous accueillirent avec une grande joie. Nous restâmes là pour la réunion hebdomadaire, où la puissance et la vie de Dieu se manifestèrent avec force. Nous nous rendîmes de là à une assemblée qui dura deux jours ; nous nous y occupâmes des pauvres, puis il y eut une assemblée générale où le Seigneur agit avec puissance. La Vérité exerça son influence bienfaisante et les Amis furent réconfortés.
Poursuivant notre route, nous eûmes à quelque vingt milles de là, une réunion très bonne et réconfortante ; mais quelques Papistes qui y assistèrent montrèrent une grande fureur. Quand je l’appris j’envoyai chercher l’un d’eux, qui était maître d’école ; mais il refusa de venir. Je le mis alors au défi, lui et tous les frères, moines, prêtres et Jésuites, de s’avancer et de mettre à l’épreuve leur Dieu et leur Christ, qu’ils avaient fabriqué avec du pain et du vin. Ils ne répondirent pas. Je leur dis alors qu’ils étaient pires que les prêtres de Baal ; car ceux-ci mirent au moins à l’épreuve leur dieu de bois qu’ils avaient fabriqué, tandis qu’eux n’osaient pas en faire autant avec leur dieu de pain et de vin ; les prêtres de Baal et leurs adeptes ne mangeaient pas leur dieu comme eux le faisaient, pour s’en fabriquer un autre après.
Celui qui était à cette époque le maire de Cork était plein de haine contre la Vérité et les Amis, et il retenait un grand nombre de ceux-ci en prison ; apprenant que j’étais dans le pays, il avait lancé quatre mandats d’arrêt contre moi ; les Amis désiraient donc que j’évite de traverser Cork à cheval.
Mais, pendant mon séjour à Bandon, j’avais eu une vision : un homme très laid de visage, noir et sombre m’était apparu. Je le frappai dans la force de Dieu, je le fis piétiner par mon cheval qui mit son pied sur sa joue. Beaucoup d’Amis m’accompagnaient, je leur dis que le Seigneur m’ordonnait de traverser Cork à cheval, mais de n’en pas parler. Ils essayèrent de m’en détourner, objectant que mon cheval ne pourrait tenir sur la route glissante… Je persistai, et prenant pour me guider à travers la ville l’un d’eux, Paul Morriee, je poursuivis ma route, et lorsque je passai devant la maison du Maire… ce dernier, me vit et s’écria : « Voilà George Fox… » mais il n’avait pas le pouvoir de m’arrêter.
Mais, oh quelle rage chez ceux qui me voyaient passer, et qui, pour la plupart me connaissaient !
Arrivé près de la prison, les prisonniers en me voyant tremblèrent pour moi… Mais je passai tranquillement au milieu des sentinelles et, traversant le pont, nous arrivâmes à la maison d’un Ami.
Il nous dit l’effervescence qui régnait dans la ville et combien de mandats d’arrêt les magistrats avaient lancés contre moi.
Pendant que je me reposais un moment, je sentais le mauvais esprit à l’œuvre dans la ville contre moi, mais je sentais aussi la puissance du Seigneur en lutte contre lui. Je remontai à cheval avec un Ami qui me servait de guide et nous continuâmes notre route…
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ATTENTION : Le mouvement Quaker tel qu’il est vécu en France et dans le monde n’est PLUS du tout évangélique. Bien loin de l’enseignement initial de ses fondateurs, il est devenu un mouvement alliant pacifisme, écologie et new age via des séances de méditation pour renouer avec son « guide intérieur » (site Quakers en France). Lire les explications ci-dessous pour bien comprendre comment ces dérives se sont produites. |
George Fox et l’héritage des Quakers
Sommaire
- Introduction
- Le contexte historique et les abus religieux
- George Fox : un parcours exceptionnel
- William Penn et la Pennsylvanie : une utopie quaker
- Les dérives de la liberté et la nécessité d’une nouvelle réforme
Introduction
George Fox (1624-1691), fondateur du mouvement des Quakers ou Société des Amis, est une figure majeure de la réforme spirituelle du XVIIe siècle. Né dans un contexte de bouleversements religieux et politiques, son message prônait une relation directe et personnelle avec Dieu, sans intermédiaires cléricaux, et rejetait les pratiques établies des églises anglicane et puritaine.
Le contexte historique et les abus religieux
Le XVIIe siècle en Angleterre fut marqué par des divisions religieuses profondes, exacerbées par la guerre civile (1642-1651) et l’exécution de Charles Ier. Les églises officielles imposaient des rites et une hiérarchie souvent perçus comme corrompus et éloignés des préoccupations spirituelles des fidèles. Les abus des prêtres – vente de privilèges religieux, rigidité dogmatique, richesse ostentatoire – suscitaient un rejet croissant. De nombreux dissidents cherchaient une foi plus authentique et accessible, ce qui favorisa l’émergence de mouvements radicaux comme celui des Quakers.
George Fox : un parcours exceptionnel
George Fox, fils d’un tisserand pieux, ressentit dès son jeune âge un appel spirituel intense. À 19 ans, il quitta son foyer pour chercher la vérité divine, refusant les réponses des prêtres locaux qu’il trouvait insuffisantes. En 1647, il eut une expérience spirituelle transformative, affirmant que « le Christ intérieur » guide directement chaque croyant. Il commença alors à prêcher cette vision radicale, rejetant les sacrements, le clergé et les édifices religieux comme inutiles. Ses réunions, souvent tenues en plein air, attiraient un public en quête de spiritualité dépouillée.
William Penn et la Pennsylvanie : une utopie quaker
William Penn (1644-1718), l’un des disciples les plus influents de George Fox, joua un rôle déterminant dans l’expansion des idéaux quakers en Amérique. Né dans une famille anglicane fortunée, il se convertit au quakerisme dans sa jeunesse, un acte audacieux qui lui valut l’hostilité des autorités anglaises. Convaincu que les principes quakers, tels que la liberté de conscience, la justice sociale et l’égalité, pouvaient être le fondement d’une société idéale, Penn obtint en 1681 une charte du roi Charles II pour établir une colonie en Amérique. Il fonda la Pennsylvanie, un refuge pour les persécutés religieux de toutes confessions.
Les dérives de la liberté et la nécessité d’une nouvelle réforme
Si la Pennsylvanie fut un exemple précoce de tolérance religieuse et de gouvernance basée sur des principes démocratiques, la liberté sans garde-fous moraux solides devint peu à peu un piège. Le modèle de société quaker, conçu pour protéger la conscience individuelle, évolua vers une culture où l’absence de limites engendra des excès moraux et culturels. Cette évolution souligne les limites du rejet radical des structures religieuses traditionnelles.
Le message originel de George Fox, qui appelait à une relation personnelle avec le Christ et une vie dans la justice, reste pur et pertinent. Cependant, une société véritablement libre ne peut survivre sans une boussole morale enracinée dans la Parole de Dieu. Une nouvelle réforme biblique est nécessaire pour réconcilier liberté et responsabilité spirituelle, afin de restaurer les valeurs fondamentales de la foi chrétienne.
Aller plus loin
- G. Fox et la Société des Amis (Le Pèlerinage douloureux de l’Eglise Fidèle, E. Broadbent)
- Sans croix, point de couronne (William Penn, Archive.org)
- Biographie complète de William Penn (World History)
- Histoire des « couflaïres » de Congénies (Maison Quaker de Congénies)