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Enquête étymologique et spirituelle sur le mot « hasard »

Le hasard intrigue, fascine et inquiète, mais que signifie-t-il dans une perspective chrétienne ? Ce chapitre explore ses origines étymologiques et spirituelles, mettant en contraste hasard et Providence divine.

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Le hasard intrigue, fascine et inquiète, mais que signifie-t-il dans une perspective chrétienne ? Ce chapitre explore ses origines étymologiques et spirituelles, mettant en contraste hasard et Providence divine. L’évangile de la prospérité, assimilé à un culte à la déesse Tyché ou Fortuna, promet l’abondance terrestre au prix d’éluder l’héritage céleste. Pourtant, seule la Providence souveraine de Dieu donne un sens durable à nos vies, loin des distractions du jeu ou des illusions de richesse, pour réorienter nos cœurs vers les récompenses éternelles.

Origines du mot « hasard »

Le mot « hasard » trouve ses racines dans l’espagnol azar, lui-même dérivé de l’arabe az-zahr, qui signifie « coup de dés » et zahr, qui signifie « fleur » (car la face gagnante du dès représentait une fleur). Cette origine souligne son association primitive avec le jeu et l’incertitude. Ce concept, bien que commun dans les sociétés païennes, se reflète dans un épisode biblique marquant : les soldats romains tirant au sort la tunique sans couture de Jésus (Jean 19:24). Ce geste, empreint de dérision et d’insouciance, illustre comment le hasard est souvent un outil d’indifférence face à des événements d’une portée spirituelle immense. Cette origine païenne du « hasard » nous invite d’emblée à interroger sa place dans la vie d’un croyant.

Chance, tirage au sort et superstition

Les racines latines nous éclairent encore plus sur les notions de chance, de tirage au sort et de superstition. Chance, cadentia, signifie « chute » ou « événement fortuit », soulignant l’imprévisibilité des circonstances. Tirage au sort dérive du sors, qui signifie « destin » ou « lot », souvent lié à des pratiques religieuses et magiques, reflétant une ambiguïté face à la Providence. « Superstition » quant à lui provient du latin superstitio, traduit par « se tenir au-dessus » ou « survivre ». Les Romains désignaient ainsi des pratiques religieuses excessives ou irrationnelles. En français, il s’est chargé du sens de croyances infondées, associées au hasard ou aux forces occultes. Ces termes révèlent une tension historique entre confiance en Dieu et dérives humaines.

Jeu, travail et rédemption

Le mot « jeu » provient du latin jocus, signifiant « divertissement ». Comme le rappelait Blaise Pascal, le divertissement est une manière de se tourner vers l’extérieur pour éviter de se convertir, c’est-à-dire de se tourner vers l’intérieur. Cette fuite, facilitée par les distractions du jeu, empêche souvent une réflexion profonde sur le sens de la vie et la recherche de Dieu.

Le travail, en revanche, tire son étymologie du latin tripalium, un instrument de torture, et révèle la malédiction originelle : « C’est à force de peine que tu en tireras ta nourriture tous les jours de ta vie » (Genèse 3:17). Cependant, en Christ, nous sommes rachetés de cette malédiction. Lorsque nous travaillons sous la conduite de Dieu, le labeur devient une source de joie et d’accomplissement spirituel : « Tout ce que vous faites, faites-le de bon cœur, comme pour le Seigneur et non pour des hommes » (Colossiens 3:23). Si le jeu veut distraire de l’essentiel, le travail réalisé dans la foi et l’obéissance nous ramène à la vraie vocation humaine : glorifier Dieu par nos actions.

La chance et l’amour du jeu

Nombreux sont ceux qui confient leur destin à la chance, espérant obtenir richesse et prospérité par des moyens hasardeux. Ce penchant trouve souvent racine dans l’amour de l’argent, que la Bible condamne fermement : « Car l’amour de l’argent est une racine de tous les maux » (1 Timothée 6:10). Les statistiques contemporaines confirment les dangers des jeux d’argent : les addictions au jeu ruinent chaque année des milliers de familles et alimentent des cycles de pauvreté et de déséquilibre.

La Française des Jeux et d’autres institutions similaires exploitent les faiblesses humaines, présentant le jeu comme un divertissement inoffensif. Pourtant, ces lieux de perdition regroupent souvent des vices tels que le tabac et l’alcool, le « tiercé » destructeur de nombreuses familles françaises. La Bible nous avertit : « Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où les mites et la rouille détruisent, et où les voleurs percent et dérobent » (Matthieu 6:19). L’enjeu n’est pas simplement financier, mais spirituel : où plaçons-nous notre confiance ?

Se confier en la Providence

En tant que chrétiens, nous croyons en la Providence divine, non en le hasard. Dieu se révèle comme Yahweh Jiré, « l’Éternel qui pourvoit » (Genèse 22:14). Cette confiance exclut la dépendance aux superstitions et aux « chances » du monde. La Bible nous exhorte : « Confie-toi en l’Éternel de tout ton cœur, et ne t’appuie pas sur ton intelligence » (Proverbes 3:5). Chaque besoin légitime est connu de Dieu, et Sa provision est parfaite, bien que parfois inattendue ou différente de nos attentes. La Providence n’est pas une énigme : elle est une expression de l’amour souverain de Dieu.

L’Urim, le Tumim et le choix de l’apôtre Mathias

Dans l’Ancien Testament, l’Urim et le Tumim étaient des objets sacrés utilisés pour discerner la volonté divine (Exode 28:30). Ce « tirage » semble contradictoire avec l’idée moderne de hasard, mais il était guidé par Dieu lui-même. Dans le Nouveau Testament, l’élection de l’apôtre Mathias pour remplacer Judas (Actes 1:26) par tirage au sort soulève des interrogations : était-ce vraiment conduit par l’Esprit-Saint ? Certains y voient une initiative humaine précipitée, contrastant avec l’appel direct de Paul par Christ. Ces épisodes nous invitent à discerner entre actions humaines et guidance divine.

La fête des Purims

La fête des Purims, célébrant la délivrance des Juifs sous Esther, tire son nom des « purim », les lots (ou hasards) tirés par Haman pour choisir la date de l’extermination du peuple juif (Esther 3:7). Ironiquement, ce « hasard » s’est retourné contre lui, illustrant comment Dieu souverain transforme les plans des hommes en faveur de Son peuple. Le mot « Purim » révèle la profondeur de l’intervention divine cachée derrière des événements apparemment fortuits. En hébreu, « pur » signifie lot, rappelant que rien n’échappe à la Providence.

D’autres épisodes bibliques mentionnent des usages similaires du « pur » (lot) : Josué 18:6 : Les lots sont utilisés pour distribuer les terres sous la direction de l’Éternel. Proverbes 16:33 : « On jette le sort dans le giron, mais toute décision vient de l’Éternel », montrant que Dieu contrôle même ce qui semble aléatoire. Jonas 1:7 : Le tirage au sort identifie Jonas comme la cause de la tempête, révélant la volonté divine. Ces références illustrent que le « pur » n’est jamais vraiment laissé au hasard mais se trouve toujours sous le regard souverain de Dieu.

Hasard, vitesse et précipitation

En anglais, hasard se dit « random » – un mot qui puise ses origines dans le vieux français randon, signifiant « impétuosité, vitesse ». Cette racine révèle une association à la fois avec la rapidité et le désordre, des notions qui s’opposent à la réflexion et à la sagesse. Dans l’univers informatique, la « Random Access Memory » (RAM) permet un accès non séquentiel aux données, symbole d’une société où tout doit être rapide et accessible sans ordre préétabli.

Cette quête moderne d’accélération et de « quantique », présentée comme une forme de progrès, nous empêche souvent de nous arrêter pour réfléchir au sens profond de nos actions. La Bible nous avertit : « Celui qui est précipité dans ses voies tombe dans le péché » (Proverbes 19:2). En opposant la précipitation au discernement, nous sommes appelés à embrasser la sagesse divine, qui agit toujours avec ordre et intention.

Tyché, Fortuna et la vaine recherche de la prospérité terrestre

Dans l’Antiquité, les Grecs et les Romains adoraient respectivement Tyché et Fortuna, les déesses de la chance et du destin. Fortuna est souvent représentée avec une corne d’abondance, symbole de prospérité matérielle. Ces figures mythologiques reflètent une vaine obsession humaine pour le gain et le contrôle du destin.

Cependant, la Bible nous met en garde contre cette quête effrénée. « Que sert-il à un homme de gagner tout le monde, s’il perd son âme ? » (Marc 8:36). L’Évangile de la prospérité, qui prône une vie centrée sur l’amour du gain terrestre, est un dévoiement de l’enseignement biblique. Cet évangile corrompt l’essence même de la foi, qui vise non pas à accomplir une « destinée » sur Terre et à y poursuivre son « étoile », mais à entrer dans le royaume céleste.

Nous sommes appelés à rejeter les illusions de richesse terrestre pour chercher « les choses d’en haut, où Christ est assis à la droite de Dieu » (Colossiens 3:1). La prospérité véritable réside dans l’héritage éternel que Dieu promet à ceux qui Lui sont fidèles et qui ont déposé leur argent à la Banque du Ciel, où voleurs et rouille n’ont pas accès ! (Luc 12:33)

Rachetons le mot « hasard »

Pour conclure, voici cinq suggestions pour racheter ce mot et le replacer dans une perspective chrétienne :

  1. Nous rappelons l’origine divine de chaque événement : Ce que l’homme appelle « hasard » peut être la main cachée de Dieu.
  2. Nous dénonçons les illusions du jeu et de la chance : Encourageons une confiance totale en Dieu.
  3. Nous promouvons la Providence : Apprenons à discerner les bienfaits quotidiens comme venant de Dieu.
  4. Nous témoignons de la foi : Montrons que la vie chrétienne n’est pas régie par l’incertitude mais par l’espérance.
  5. Nous encourageons la gratitude : Louons Dieu pour Sa souveraineté et Son amour fidèle.

Ainsi, plutôt que de subir le « hasard », nous sommes appelés à vivre sous le regard bienveillant de notre Dieu qui pourvoit à tout, en Son temps parfait.

Aller plus loin :

"Dingue" de Jésus, en chemin avec Lui depuis 34 ans, pionnier du web chrétien depuis 25 ans, père de 6 enfants, Nicolas habite en région bordelaise. Il est connu pour ses blogs d'investigation, ses interviews sans concession et ses chroniques radio conservatrices.

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