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Enquête étymologique et spirituelle sur le mot « évangile »

L'étymologie et le symbolisme biblique des mots ange et évangile révèlent leur lien autour de la transmission d'un message divin, exploré ici à travers leurs racines et leur rôle dans l'Écriture.

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Le 3ème ange annonçant les fléaux de Dieu, Apocalypse de Douce, 1265-1270

L’étymologie et le symbolisme biblique des mots ange et évangile révèlent une connexion essentielle : les deux notions expriment l’idée de transmission d’un message divin. Cet article explore leur origine, leur relation, et les implications théologiques et culturelles de cette association, en plongeant dans les racines hébraïques et grecques, ainsi que dans leur manifestation dans l’Écriture Sainte.

L’étymologie d’ange et d’évangile : un lien profond

Le mot ange dérive du grec ἄγγελος (angelos), signifiant « messager ». De même, évangile provient de εὐαγγέλιον(euangelion), littéralement « bonne nouvelle », composé de εὖ (eu, « bon ») et ἄγγελος (angelos, « messager »). Cette proximité étymologique souligne une mission commune : proclamer la vérité divine. Dans l’Évangile de Luc (2:10), un ange annonce la « bonne nouvelle » de la naissance du Sauveur, établissant une connexion claire entre le rôle des anges et la proclamation de l’évangile. Cette mission atteint son apogée dans Apocalypse 14:6-7, où un ange proclame l’ »évangile éternel », un appel universel à rendre gloire à Dieu au moment où Il s’apprête à juger la Terre.

Le mot hébreu Malak et son rôle dans la Bible

En hébreu, le mot מַלְאָךְ (malak), traduit par « messager » ou « ange », reflète une mission semblable. Il est au cœur de l’identité du prophète Malachie (Malakhi, « mon messager »), qui annonce la venue de l’Ange de l’Éternel dans Malachie 3:1. Dans l’Ancien Testament, les occurrences de malak décrivent souvent des interventions divines, comme l’Ange de l’Éternel empêchant le sacrifice d’Isaac (Genèse 22:11-12) ou guidant Israël dans le désert (Exode 23:20-21). Ces récits montrent que malak joue un rôle central dans la révélation et la protection, préparant ainsi le chemin pour l’annonce de la Bonne Nouvelle dans le Nouveau Testament.

Basar et Besorah : chair et bonne nouvelle

Le verbe hébreu בָּשַׂר (basar) signifie « annoncer une bonne nouvelle », tandis que son substantif בְּשׂוֹרָה (besorah) désigne cette « bonne nouvelle ». Par exemple, dans 2 Rois 7:9, des lépreux proclament que « cette journée est une journée de bonne nouvelle (besorah) », après la fuite miraculeuse de l’armée ennemie. Le mot basar signifie également « chair », soulignant un lien symbolique : la bonne nouvelle touche directement à la vie incarnée. Cette dualité trouve son accomplissement dans le Nouveau Testament, où la « Bonne Nouvelle » s’incarne littéralement en Jésus-Christ, « la Parole faite chair » (Jean 1:14).

Dans les cultures bibliques, la réception d’une bonne nouvelle (besorah) s’accompagnait souvent de festins, où la chair (basar) symbolisait la bénédiction et la joie. Offrir de la « bonne chère » à des invités ou partager un repas festif lors d’un événement marquant traduisait une hospitalité ancrée dans la gratitude. Cette idée résonne spirituellement dans la célébration chrétienne de la Cène, où le Christ nous invite symboliquement à « manger sa chair » pour accueillir le signe tangible de la Bonne Nouvelle et de la communion divine.

Apôtres, envoyés, hérauts, héros : des prédicateurs

Dans le monde antique, les apôtres (apostolos en grec, signifiant « envoyé ») et les hérauts étaient des figures clés pour transmettre des messages officiels, souvent dans un contexte impérial ou militaire. Ces messagers portaient des nouvelles importantes, comme la victoire d’un roi ou l’accession au trône d’un empereur, et leur mission s’accompagnait d’une autorité conférée par leur maître. Le héros grec (ἥρως), demi-dieu ou modèle de bravoure incarnant une mission transcendante, et le héraut issu du vieux haut allemand heri-wald (« chef de l’armée »), porteur officiel d’un message d’autorité, se rejoignent dans leur rôle de figures indispensables à la communication et au maintien de l’ordre dans les empires.

Dans le christianisme, les apôtres reprennent ce rôle symbolique en devenant les messagers de la Bonne Nouvelle : ils annoncent non pas la gloire d’un roi terrestre, mais celle du Roi des rois, Jésus-Christ, redéfinissant ainsi le concept de mission et d’autorité dans une perspective spirituelle et universelle. Le héraut prédicateur, désigné par le mot grec κῆρυξ (kērux), incarne celui qui proclame publiquement un message d’autorité divine. L’apôtre Paul se décrit comme tel en 1 Timothée 2:7 : « J’ai été établi prédicateur (kērux), apôtre et docteur des nations dans la foi et la vérité », affirmant sa mission de porter l’Évangile aux nations. De même, 2 Pierre 2:5qualifie Noé de « prédicateur de la justice » (kērux), soulignant son rôle de messager annonçant le jugement divin. Comme les hérauts antiques proclamaient les édits royaux, ces prédicateurs annoncent avec autorité la Bonne Nouvelle et les appels de Dieu.

Les origines du mot « Gospel »

En anglais, évangile se dit « Gospel », un mot dont les racines sont également intéressantes. Ce mot dérive du vieil anglais gōdspell, signifiant « bon récit » (gōd, « bon » et spell, « histoire »). Ce terme reflète la nature orale de la transmission de la Bonne Nouvelle, avant l’ère des écrits. Bien qu’il n’ait pas de lien direct avec l’hébreu ou le grec, gospel conserve l’essence même de l’évangile : la proclamation joyeuse et universelle du salut. Une confusion populaire associe parfois « gospel » à « God’s spell » (parole de Dieu), renforçant le lien spirituel avec la mission divine.

Que ce soit par la proclamation des anges dans Luc ou par le message des prophètes en hébreu, l’ange et l’évangile incarnent ensemble l’idée d’un appel universel à la réconciliation avec Dieu. Leur lien étymologique et théologique révèle que la mission divine traverse les âges : des manifestations ponctuelles dans l’Ancien Testament à la Bonne Nouvelle incarnée en Christ dans le Nouveau Testament. Cette continuité illustre que l’annonce divine, portée par les anges ou par des messagers humains, demeure une invitation à recevoir la vie et la paix offertes gratuitement par Dieu.

Rachetons ce mot :

  1. Redécouvrons les anges comme messagers : Ils portent la lumière de la volonté divine.
  2. Partageons l’évangile, la Bonne Nouvelle : Qu’ils soient beaux nos pieds qui portent le message vibrant du salut en Jésus-Christ (Esaïe 52:7).
  3. Reconnectons ange et évangile : Les apparitions de ces messagers célestes annoncent toujours la grâce de Dieu.
  4. Célébrons la joie de l’évangile : Faisons « bonne chère » dans une communion vivante et chaleureuse entre croyants.
  5. Plongeons dans les racines bibliques : Redonnons aux mots leur richesse hébraïque et grecque.

Ces pistes nous invitent à réanimer la richesse spirituelle de ces termes dans un monde où leur sens originel est souvent perdu ou dilué !

Aller plus loin

"Dingue" de Jésus, en chemin avec Lui depuis 34 ans, pionnier du web chrétien depuis 25 ans, père de 6 enfants, Nicolas habite en région bordelaise. Il est connu pour ses blogs d'investigation, ses interviews sans concession et ses chroniques radio conservatrices.

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